Projet PALM-TREEs : Renforcer la résilience agricole au Cameroun

Les 8 et 9 janvier 2025, Foumbot, situé dans le département du Noun dans la région de l’Ouest du Cameroun, a été le point focal d’un atelier de lancement du projet PALM-TREEs, organisé par le Réseau des Femmes Africaines pour le Développement Durable (REFADD) en partenariat avec l’Université de Yaoundé 1. Cet événement, présidé par le représentant du Sous-préfet de la région, a rassemblé des acteurs clés du secteur agricole ainsi que des représentants des autorités locales.

Dans son discours de bienvenue, le maire de Foumbot a exprimé sa grande joie et sa fierté d’accueillir les participants dans la commune cosmopolite de Foumbot. Il a souligné l’importance d’aborder la question cruciale d’une perspective panafricaine et transdisciplinaire sur les communautés marginalisées, en particulier dans le contexte des événements extrêmes et du changement climatique. Le maire a insisté sur la nécessité de collaboration entre chercheurs, décideurs politiques et communautés locales pour élaborer des solutions durables intégrant les connaissances et pratiques traditionnelles.

Selon Monique Yigbedek, Coordinatrice régionale de REFADD, la culture de la tomate génère plus de 129 milliards de CFA francs pour l’économie camerounaise. Elle a souligné l’importance de cet atelier, qui vise à identifier les défis liés à la culture de la tomate à Foumbot, en impliquant tous les segments de la population. « Nous collaborerons avec des chercheurs pour développer des techniques visant à améliorer la culture, la commercialisation et le transport des tomates », a-t-elle déclaré.

Le professeur Wilfried Pokam, coordinateur du projet pour l’Afrique centrale, a mis en avant les difficultés rencontrées par les producteurs, notamment les menaces posées par les ravageurs et les défis liés au stockage et au transport, qui impactent leurs revenus. Il a également souligné l’importance de comprendre les profils de risque en tenant compte des dimensions sociales et économiques. En partageant des données sur les impacts des événements climatiques, il a insisté sur la nécessité de développer des solutions basées sur la nature pour renforcer la production de tomates de manière participative et co-créative. Il a en outre souligné l’importance d’une approche transdisciplinaire combinant connaissances académiques et traditionnelles pour concevoir des solutions durables adaptées aux besoins locaux.

L’atelier a également abordé la menace continue posée par les ravageurs envahissants, qui ont entraîné des pertes de récolte significatives et affecté les moyens de subsistance des agriculteurs locaux. Augustin Pekorne, un producteur de tomates, a partagé ses difficultés face aux infestations de ravageurs qui compromettent la qualité de sa récolte. « Les ravageurs font pourrir nos fruits, impactant nos ventes et nos revenus », a-t-il déploré. Ebenizer Moupe, un autre agriculteur, a fait écho à ces préoccupations, notant que la qualité de sa production se détériore souvent au moment où elle atteint le marché en raison des dommages causés par les ravageurs.

Les autorités administratives ont soutenu cette initiative, notant que la vulnérabilité aux impacts climatiques varie selon des facteurs sociaux, économiques et de genre. Les discussions ont également mis en lumière les défis post-récolte, les producteurs rapportant que les acheteurs dictent souvent les prix pendant les périodes de surproduction. Pour les producteurs, l’accent est principalement mis sur la proposition d’approches permettant d’améliorer le rendement, le stockage des tomates produites et l’accès au marché. L’usine de transformation promise n’a toujours pas vu le jour après des années d’attente.

Les inondations régulières dans la région ont poussé Ibrahim Nchoutnji, responsable de l’Institut de Recherche Agricole local à Foumbot, à recommander un entretien régulier des drains pour faciliter le drainage des eaux pluviales, tandis que le délégué de l’arrondissement agricole s’est engagé à soutenir les producteurs dans la recherche de solutions pour améliorer la qualité de leurs produits.

Des représentants de divers ministères, dont  ceux en charge des affaires sociales, de la femme et de la famille, de l’agriculture et du développement rural, de la météorologie et de l’environnement ont présenté leurs domaines d’action, soulignant l’importance de la formation pour les groupes vulnérables tels que les femmes et les personnes handicapées. Les points clés incluaient la nécessité d’accès à l’information et de protection de la santé pour les producteurs, ainsi que l’adresse du financement et des données agro-météorologiques. Les discussions ont mis en avant des défis tels que la résistance aux ravageurs et l’accès au marché pour les producteurs de tomates, avec des appels à des partenariats et à un meilleur partage d’informations. L’atelier s’est conclu par un engagement envers une collaboration à long terme et la mise en œuvre d’initiatives agricoles, y compris l’utilisation de l’huile de neem comme bio-pesticide.

Le projet PALM-TREEs adopte une approche innovante pour répondre aux besoins des communautés vulnérables affectées par des événements extrêmes en Afrique subsaharienne, en particulier au Cameroun. En intégrant les connaissances locales et en promouvant une approche inclusive et transdisciplinaire, ce projet de recherche-action vise à renforcer la résilience des membres les plus vulnérables de la communauté face aux impacts des événements climatiques extrêmes. L’atelier de Foumbot fixe ainsi le ton pour une recherche qui contribuera finalement à une production de tomates durable au Cameroun et à l’amélioration de la résilience des producteurs et des communautés face aux incertitudes climatiques.